Pour certains, le vin est une véritable religion et je me suis donc posé la question de savoir si le vin avait un pape ou tout au moins un guide spirituel ! Quand bien même certains ont pu écrire que Robert Parker était le pape du vin, cet humble apôtre de la parole vinicole, présente-t-il les vertus cardinales requises ?

Charismatique et érudit en vinologie, il n’en demeure pas moins que son infaillibilité reste très contestée. Ainsi, son encyclique annuelle tant attendue prête souvent à discussions, voire à contestations. Certains arguent même qu’il n’a d’yeux que pour les vins boisés et qu’il ne prêche que pour sa paroisse, à savoir la communauté américaine. Est-ce pour autant un péché ?

Alors certes, tout comme le journal Wine Spectator, on peut considérer que Robert Parker fait  preuve d’une certaine forme de prosélytisme avec les Châteaux neuf du Pape, mais on ne peut pour autant dire que les Saint Julien ou autres Saint-Emilion sont sacrifiés sur l’autel des goûts de cet américain. Preuve en est son pèlerinage bi-annuelle dans le vignoble bordelais qui démontre sa ferveur pour les vins de cette région. Il n’hésite d’ailleurs pas à les encenser régulièrement et si un concile réunissait les propriétés les mieux notées, nombreuses seraient les bordelaises.

C’est pourquoi on ne saurait lui reprocher un quelconque manque d’objectivité, d’autant plus que ses notes ne sont pas le fruit de l’opération du Saint Esprit, mais tout au contraire, basées sur des dégustations permanentes et une mémoire vinolfactive indiscutable.

Pour autant, l’influence des goûts de ce pape du vin est telle, que son moindre jugement est accueilli comme parole d’évangile… et c’est sans doute de là que provient le schisme avec certains vins qui se sentent excommuniés.

Il faut bien avouer que la plupart des propriétés viticoles, ont dit amen à toutes les critiques de Robert Parker, et comme à la sortie de confesse, ont juré, ô grand Dieu, qu’elles allaient s’améliorer.

Aussi, chaque année, tels de jeunes communiants, les propriétés présentent leurs vins, en espérant recevoir la bénédiction de Robert Parker, et obtenir ainsi le Grâle qui leur ouvrira les portes du paradis américain, et même au-delà. Par lui, la piquette ne s’est pas transformée pour autant en vin, mais avec lui, les vins ont évolué, pour être en plus grande communion avec les fidèles, d’Outre-Atlantique notamment.

Qu’adviendra-t-il des buveurs égarés quand Robert Parker décidera de se retirer ?

Nul doute que la communauté des amateurs de vin se cherchera un nouveau pasteur qui les guidera sur les chemins de la dégustation. Aucun conclave ne sera nécessaire, car le pouvoir du vin n’est pas divin et se transmet par la reconnaissance du moment.

Au jeu des prophéties, je m’aventure donc à penser que le poids du marché asiatique est tel que le prochain pape du vin sera chinois….

 

Arsène Bacchus