Bon nombre de viticulteurs et de négociants auront débuté leur été par un devoir de vacances dont ils se seraient bien passés. En effet, le ministère Chinois avait lancé le 1er juillet une procédure antidumping sur la filière viticole européen, imposant aux exportateurs vers la Chine de « se déclarer » via un formalisme fort contraignant.

Pour comprendre cette demande quelque peu soudaine, il faut se rappeler que cette procédure venait en réaction à celle imposée par l’Union Européenne aux exportateurs chinois dans le secteur des panneaux solaires. En effet, la Commission Européenne avait décidé la mise en place de taxes sur les panneaux solaires chinois, accusant les producteurs chinois de pratiquer des prix nettement inférieurs à leur valeur marchande normale, l’objectif de cette stratégie étant de détruire petit à petit la concurrence européenne afin d’instaurer un monopole sur ce marché.

Furieux, Pékin décida à son tour de faire de même en demandant aux entreprises ayant exporté en Chine depuis 2009 de s’enregistrer auprès du Ministère du Commerce Chinois, au risque de se voir imposer des droits « 2 à 8 fois supérieurs ». Le formalisme était contraignant puisqu’il s’agissait de déclarer pour chaque vin les dates, volumes et valeurs d’exportation dans un temps très court, la deadline étant fixée au 20 juillet. A la suite du dépôt des dossiers, des enquêteurs chinois seront chargés de vérifier si dumping il y avait, et notamment si des subventions européennes étaient versées.

Une fois enregistrée, une entreprise peut donc être sélectionnée pour faire partie de l’échantillon qui servira à pondérer un taux de dumping en recevant des enquêteurs chinois. Ces investigations pourront durer un an, avec une issue incertaine, tant la dimension du dossier demeure avant tout politique.

Outre le travail administratif généré par cette mesure intempestive, on peut légitimement s’inquiéter commerciales si des mesures financièrement coercitives étaient appliquées. Rappelons en effet que la Chine représentait en 2012, 11% des exportations de vin de l’UE, et près de 550 me rien que pour la France.

Néanmoins, dans ce conflit, qui in fine prend pour otages les viticulteurs, il semble que nous sommes sur la bonne voie pour une résolution positive du conflit. En effet, fin juillet, européens et chinois ont signé un accord amiable sur les panneaux solaires, en fixant un prix plancher pour limiter le dumping. A écouter les experts, il s’agit d’un accord de complaisance, destiné à permettre à chacune des parties de sortir de cette négociation la tête haute.

Compte tenu de ce nouvel épisode, passé sous silence, la Chine n’a donc plus de raison légitime d’exercice des mesures de rétorsion sur les exportateurs de vin européen; on peut donc espérer à juste titre que cette menace de taxe supplémentaires sur les ventes de vin en Chine s’évapore aussi vite qu’elle est venue.

Certes, « ne buvons pas la bouteille avant de l’avoir débouchée », mais cet épisode économique ne peut que nous interroger sur le pouvoir des lobbyings et des politiques. En effet, force est de constater que le lobbying des industriels chinois du panneau solaire a bien failli mettre à mal la filière viticole européenne ! Etonnant, non ?

Arsène Bacchus