Ma visite du Château Margaux restera sans nul doute le point d’orgue de ma folle semaine des primeurs à Bordeaux. Les châteaux du bordelais ont largement ouvert leurs portes pour faire déguster leur millésime 2012, mais pour profiter de ce vin légendaire, rares étaient les élus dont j’avais la chance de faire partie.

CREATOR: gd-jpeg v1.0 (using IJG JPEG v62), quality = 90

Il faut dire, qu’outre le fait d’être une somptueuse propriété, ce fleuron de l’appellation éponyme demeure un mythe qui vous envoûte sitôt franchi le portail de la propriété. Les   gigantesques platanes semblent protéger les vignes dans leur écrin et on peut ressentir ce parfum de légende jusque dans le chai à barriques, à la sobriété prestigieuse.

Toujours est-il que nous n’étions pas là pour faire de l’oenotourisme, mais avant tout pour goûter le millésime 2012, afin de savoir si cette année encore, nous serions sur un millésime d’exception.

  D’un point de vue météorologique, il convient de rappeler que les conditions climatiques furent somme toute classiques, avec un hiver froid, un printemps très humide et un été très sec mais tardif. Concernant les vendanges, elles démarrèrent le 10 septembre pour les blancs et le 25 septembre pour le rouge. La pluie ayant fait son retour le 20 septembre, on peut regretter que l’été ne se soit donc prolongé encore quelques jours, ce qui aurait permis au millésime 2012 d’être très certainement un millésime d’exception.

Il n’en demeure pas moins qu’une fois encore, le Château Margaux a tenu toutes ses promesses avec un vin d’une incroyable puissance, alliant douceur et élégance.

Fruit d’une sélection draconienne, le 1er vin représente 34 % de la production du château, avec comme toujours cette dominante cabernet, puisque le cépage représente près de 90% de l’assemblage contre 10 % pour les merlots. Le propriétaire parle ainsi de son vin comme « d’un gant de velours qui cache une main de fer », en référence à cet équilibre entre puissance et suavité. Sans même attendre les notes de Robert Parker, on peut penser que ce vin tutoiera les sommets, et même s’il est un peu en deçà des millésimes 2010 et 2011, il devrait être un très grand millésime. Au jeu des comparaisons, beaucoup le comparent déjà au millésime 2004.

Par ailleurs, le 1er vin n’étant guère plus accessible qu’à quelques privilégiés, il est devenu très important de se pencher sur le 2ème> vin, en l’occurrence, le célèbre Pavillon Rouge. En effet, celui-ci représente 30% de la production de la propriété, avec une sélection renforcée d’année en année, à tel point qu’il y a encore 30 ans, ce vin aurait été intégré au 1er vin. On l’aura compris, si l’on parle de 2ème vin, sa qualité est telle qu’il est supérieur à bien d’autres crus classés. Là encore les cabernets dominent avec 65% de l’assemblage, mais les merlots sont tout de même présents à plus de 33%. Cela permet d’obtenir un millésime très fin, très racé, avec une grande puissance. Sans doute, ne sera-t-on pas au niveau du mythique millésime 2010, mais on peut le situer d’un niveau supérieur au millésime 2011.

C’est pourquoi dans l’attente des prix de sortie, que tout le monde attend à la baisse sur 2011, mon coup de cœur va au château Pavillon Rouge 2012…

Je pourrais également vous parler du Pavillon Blanc 2012, particulièrement aromatique, et dont la quantité a été particulièrement faible cette année, mais il faut bien avouer que le Château Margaux est avant tout connu pour son vin rouge légendaire.>

A ceux qui souhaitent visiter le Château Margaux, sachez que déjà rares étaient ceux qui obtenaient le fameux sésame, et que durant deux ans, les portes de la propriété vont être totalement fermées aux visiteurs. En effet, le château engage d’importants travaux, notamment destinés à permettre de mieux recevoir ses hôtes (plan ci-dessous). Fort heureusement, Le Médoc regorge d’autres joyaux à visiter car pour visiter le Château Margaux, propriété de légende, mieux vaut donc se donner rendez-vous fin 2014.

Arsène Bacchus