Le monde du vin a-t-il fini d’être mis au banc des accusés?

Il y a trois ans déjà, je m’étais offusqué du sort réservé à la campagne d’affichage des vins de Bordeaux;  le Conseil d’Etat avait pris une décision encore plus inique: en effet, il venait tout simplement de juger qu’une chaîne consacrée au vin était purement et simplement illégale!! Alors même que le CSA un an auparavant, avait accordé à la chaine payante DEOVINO un droit d’émettre, les sages du Palais Royal, s’érigeant en parangon de vertu, invalide la convention, estimant que la chaîne faisait la promotion du vin.

Le feuilleton avait débuté fin 2010, lorsque le CSA avait à statuer sur deux projets de chaînes thématiques payantes sur le vin. Le premier, Deovino, promettait de respecter la loi Evin interdisant de faire de la publicité directe ou indirecte pour l’alcool, de ne pas faire de dégustation ou de promotion. Le second, Edonys, se présentait comme « la première chaîne de télévision internationale dédiée à la vigne et aux vins » et souhaitait diffuser des débats et des documentaires sur la filière tout en proposant des dégustations interactives ». Le 31 mai 2011, le CSA donnait son accord à DEOVINO et repoussait celui d’Edonys, estimant que la chaîne ne respectait pas la loi Evin avec notamment ses dégustations interactives.

Edonys décida alors de saisir le Conseil d’État en référé, afin de suspendre Deovino, au motif notamment de liens de connivence entre deux membres du CSA et la direction de Deovino. Le 29 août, la demande fût rejetée.

Il y a 3 ans , le Conseil d’Etat a estimé, contre toutes attentes, que: « Deovino est intégralement consacré au vin et à la viticulture et vise à en présenter les mérites et les attraits. Eu égard à sa nature même, la diffusion de ce programme impliquerait une violation de l’interdiction, prévue par la loi, de toute propagande en faveur des boissons alcooliques à la télévision ».

Permettez-moi d’avoir pensé que les sages sont tombés dans la cuve!

Alors même que pullulent des chaines sur le commerce du sexe, on fait des procès d’intentions à une chaine vantant les mérites de notre terroir. Rappelons que cette chaine étant payante, cette soit-disante publicité sur l’alcool n’était en rien intrusive et s’adressait à un public averti. De même, dans un but de préserver les mineurs, il aurait été possible d’en limiter l’accès.

Que nenni! Banni soit qui vin en boit! Boire du vin est-il si réprimandable qu’il faille interdire tout ce qui l’entoure? Ce carcan législative de la loi Evin est réellement dénué de bon sens quand on connait les efforts déployés par les uns et les autres pour favoriser l’œnotourisme. Quelle sera la suite? On respire enfin sur le sort des sites internet, qui entièrement libres d’accès, et de surcroit à tout public, contreviennent à la fameuse Loi Evin.

Merci à l’assouplissement de la loi Evin décidé il y a quelques mois à l’assemblée afin de permettre en autre la communication sur l’oenotourisme, afin de permettre de renforcer la relation consommateur-producteur qui ne se déroulait jusqu’à présent essentiellement à travers des dégustations au caveau.

Ces dégustations aux caveaux sont certes sympathiques mais permettent difficilement de créer un lien avec le client, juste de vendre quelques bouteilles, en particulier aux consommateurs locaux et non de passage… Heureusement les choses évoluent et les producteurs prennent conscience de ces relations clients différentes…à développer!